Telle une perle dissimulée dans sa coquille, la maison éperonnée de Chailles, dans le Loir-et-Cher, attendait depuis des décennies que soit dégagé des ronces l’esprit subtil de sa construction. Difficile en effet, pour le néophyte, de déceler, derrière cette maison abandonnée, sise dans le lit endigué de la Loire, entre Blois et Candé-sur-Beuvron, un élément original du patrimoine ligérien. Pourtant, bâtie pour assumer les coups de boutoir du plus long fleuve de France et braver ses crues brutales, l’édifice s’affiche bel et bien comme un des rares témoignages restants de ces habitats destinés à partager leurs paisibles existences avec le tumulte des flots.
« Percée en son rez-de-chaussée par deux ouvertures dont les portes s’ouvrent en amont et en aval en cas de crue, la curieuse bâtisse tire ainsi son nom de deux éperons de pierre de taille qui, à l’est, permettent d’affronter le courant dévalant d’amont, tandis que deux contreforts conçus pour détourner l’eau protègent l’escalier de pierre en réduisant la force du débit. Le logement, qui défie pareillement les inondations, s’ouvre à l’étage monté de briques par un accès extérieur».